J’ai connu le poète Achraf Al-Boulaqui. C’est aussi un critique sulfurique, c’était également un collègue aimable à l’Organisme général des Palais de la Culture. Mais, je ne connaissais pas le nouvelliste. Peut-être, il s’agit de la première fois que je lise sa production de conteur. Il a écrit une nouvelle qui d’ailleurs appartient à l’école que j’aime. Cette école où le lecteur reste en suspense jusqu’à la fin de l’histoire. J’ai été ravi qu’il m’ait offert son premier recueil de nouvelles «Atteinte à la pudeur», publié par la maison d’édition Dar Al-Adham. L’ouvrage compte 13 nouvelles qui commence par «Le microbus» et qui se terme par la nouvelle «J’ai voulu être un homme».
Le recueil adopte un style un peu choquant pour ceux qui sont habitués à lire des ouvrages simples et l’auteur a eu le courage de parler de certains tabous sexuels. Dans l’histoire du «Microbus», un homme timide est envahi par la femme qui est assise à côté de lui, il cherche à l’inciter et il se laisse faire jusqu’à ce qu’ils arrivent à un point de contrôle. Là, il descend pour s’en aller la laissant. Lorsque le policier lui demande:
- Est-elle avec toi ?
Il répond de manière confuse :
Je trouve que les histoires d’Achraf Al-Boulaqui sont inoubliables parce qu’elles ont le courage d’explorer des zones nouvelles et différentes. De même qu’elles se caractérisent par leur vitalité. De même qu’elle est riche en signe et en symbole. Dans l’histoire du «Microbus» quand la protagoniste flirte avec le jeune homme assis à côté d’elle, la radio présente la sourate de Youssef récitée par Cheikh Mostafa Ismaïl. Et, le lecteur entend ou plutôt lit les versets ou l’épouse d’Al-Aziz a cherché à séduire Youssef.
L’écrivain Achraf Al-Boulaqui recourt à des noms très connus, des expressions familières et même argotiques qui peuvent choquer le lecteur.
Quant à l’histoire «J’ai voulu être un homme» évoque l’âge de la puberté des adolescents et comment les adolescents veulent vite grandir pour devenir des hommes.
Le recueil est bien écrit et parle des crises par lesquelles des personnes ordinaires peuvent passer. Le style est surtout ironique et se base sur le paradoxe c’est ce qui fait que le lecteur sourit en lisant et qui attire son attention pour arriver au bout de l’histoire.